Nous sommes maintenant en 2017. Une nouvelle année, bien sûr, mais très probablement une année où les cliniciens devront relever les mêmes défis qu’au cours des années passées en ce qui concerne l’interopérabilité des systèmes d’information en santé.
Pour les cliniciens, l’accès à la bonne information au moment voulu est un élément essentiel de la prestation optimale de soins sûrs aux patients. Cependant, on dirait parfois qu’en santé, 2017 n’est pas encore arrivée. Par exemple, nous nous fions encore et toujours au télécopieur. Beaucoup.
Selon la province où vous exercez, l’accès rapide à l’information sur la santé peut être difficile. Le DME (dossier médical électronique) que vous utilisez à votre cabinet n’est pas toujours relié à d’autres sources d’information sur la santé de votre patient, comme un DSE (dossier de santé électronique) provincial.
Par contre, comme je le mentionnais dans un article publié antérieurement sur le blogue, nous sommes peut être arrivés à un tournant en ce qui concerne l’interopérabilité, c'est-à-dire le partage électronique continu et rapide des renseignements médicaux entre les professionnels de la santé.
En octobre, la Cleveland Clinic a publié sa 11e liste annuelle des 10 plus grandes innovations médicales susceptibles de voir le jour au cours de la prochaine année. Cette liste donne toujours certains aperçus fascinants des progrès susceptibles de marquer la technologie médicale. Fait intéressant, le numéro 6 de la liste était une norme relative aux données sur la santé appelée FHIR (pour Fast Healthcare Interoperability Resources, soit des ressources d’accélération de l’interopérabilité en santé).
Oui, oui, une norme relative aux données sur la santé!
Les FHIR ont été créées par le groupe HL7, à partir de normes HL7 antérieures (HL7 v2, HL7 v3, CDA, etc.). Elles sont appuyées par un large éventail d’intervenants de l’industrie et utilisent les normes Internet les plus récentes, dont des protocoles de sécurité et de protection des renseignements personnels.
Elles soutiennent le développement d’applications mobiles à partir d’API et des applications de médias sociaux, entre autres.
Cette norme particulière des soins de santé devrait contribuer à améliorer la situation actuelle, dans laquelle les systèmes d’information sur la santé ne peuvent communiquer entre eux, même s’ils se trouvent parfois dans le même hôpital ou dans la même clinique. L’industrie s’est pas mal toujours révélée difficile à appréhender pour les développeurs de logiciels en raison des multiples systèmes de dossier médical, normes sur la santé et interfaces d’échange en cause.
Selon une présentation donnée à l’HIMSS 2016 par les Drs Charles Jaffe et Stan Huff, , les FHIR « s’apprennent plus vite, se développent plus vite et s’implantent plus vite.» Elles peuvent fonctionner un peu comme une norme de traduction, un « babelfish » c'est-à-dire “un poisson Babel, qui est un traducteur universel, biologique et extrêmement improbable.”
Mais qu’en est-il pour les médecins et les patients? Quelle importance ont donc les FIHR?
À l’heure actuelle, de nombreux médecins, des spécialistes en particulier, ont accès à de multiples systèmes électroniques pour consulter les résultats d’examens pertinents subis par leurs patients. Ce peut être encore plus difficile pour eux s’ils travaillent dans des cliniques externes où l’intégration avec le système informatique de l’hôpital local n’a pas encore été faite.
Les FHIR pourraient mener à des applications qui unifient ou intègrent des éléments de données de systèmes qui ne partagent pas normalement l’information.
De même, pour les patients, les FHIR pourraient permettre la création de nouvelles applications (ou l’amélioration de celles qui existent déjà) qui font la synthèse et la présentation de données utiles d’une façon conviviale.
Pour les médecins comme pour les patients, les FHIR peuvent inspirer des partenariats avec les développeurs de logiciels afin de les amener à créer des solutions innovatrices permettant de résoudre les problèmes cliniques et les frustrations attribuables à un piètre échange d’information entre des systèmes incompatibles.
Mais comme pour toute nouvelle technologie, le risque d’un engouement excessif est bien réel dans le cas des FHIR.
Tout bien considéré, cette nouvelle norme de données semble fort prometteuse et devrait être sur le radar de tous les cliniciens au cours des années qui viennent. Oui, nous aurons de quoi être fiers des FHIR en 2017 et dans l’avenir (désolé pour le jeu de mots, c’est plus fort que moi…).
Le groupe de travail sur FHIR d’InfoCentral travaille à définir en quoi l’utilisation des pratiques exemplaires de FHIR s’avère rentable, à trouver les outils qui en définiront l’avenir, à repérer les approches et les éléments architecturaux qui permettront aux systèmes de travailler ensemble en plus de favoriser partout au pays le développement pratique de produits jugés impératifs par la communauté.
Cinq volets d’activité sont actuellement pris en charge par le groupe de travail sur FHIR, et d’autres pourraient s’ajouter à cette communauté très active. Il n’y a pas de meilleur moment que maintenant pour participer, alors joignez-vous au groupe de travail sur InfoCentral, ou lisez <<FHIR arrive. Préparez vous!>> pour en savoir plus.
Le Dr Rashaad Bhyat est responsable clinique au sein du groupe Adoption clinique, chez Inforoute Santé du Canada. Il est également médecin de famille et s'intéresse tout particulièrement à la santé numérique. Il pratique dans un cabinet de médecine familiale doté d'un DME dans la région du Grand Toronto.